En Belgique, la sécurité des politiques renforcée après l'extradition d'un terroriste
Le Monde.fr | • Mis à jour le |Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)
La protection d'une série de personnalités politiques et de magistrats belges a été renforcée après l'extradition contestée de Nizar Trabelsi, un membre tunisien d'Al-Qaida, vers les Etats-Unis, jeudi 3 octobre. Le premier ministre, Elio Di Rupo, la ministre de la justice, Annemie Turtelboom, la ministre de l'intérieur, Joëlle Milquet, ainsi que plusieurs magistrats antiterroristes et d'anciens ministres intervenus dans ce dossier bénéficient depuis quelques jours d'une surveillance policière renforcée.
Des déclarations de la compagne de M. Trabelsi sont notamment à l'origine de cette décision, qui concerne aussi certaines ambassades belges. Protestant contre la décision du gouvernement, la jeune femme a qualifié la ministre de la justice de "vrai terroriste" et dénoncé la "prostitution" de la Belgique face aux Etats-Unis. Les liens de M. Trabelsi avec des islamistes radicaux arrêtés et condamnés en Belgique ou ailleurs incitent également les autorités belges à semontrer vigilantes. Depuis son arrestation, le 13 septembre 2011, l'ancien joueur de football tunisien a été présenté comme un martyr par ses sympathisants, dont certains auraient élaboré des plans en vue de son évasion – une information qui n'a toutefois jamais été étayée.
Condamné à 10 ans de prison en 2003, à Bruxelles, pour avoir préparé un attentat censé viser une base américaine du Limbourg, M. Trabelsi a été pris en charge jeudi par des agents du FBI alors qu'il s'attendait à être transféré de la prison de Bruges vers un autre établissement de Belgique. Extradé par avion spécial, il a, dès son arrivée, été traduit devant le tribunal du district de Columbia où il a plaidé non coupable face au juge qui l'a mis en examen sur la base d'accusations de conspiration, tentative d'attaque contre des citoyens américains et projet d'utilisation d'armes de destruction massive.
RECOURS DEVANT LA CEDH DE STRASBOURG
Selon les services américains, la direction d'Al-Qaida l'aurait notamment chargé de réunir des armes chimiques à l'aide de fonds qu'il se serait procurés auPakistan La décision d'extradition prise par les autorités belges est dénoncée par diverses organisations et par l'avocat de M. Trabelsi. Prévenu tardivement de l'extradition, Me Alexandre Chateau a obtenu une décision favorable du tribunal de Bruxelles, saisi d'un recours en extrême urgence. Problème : au moment de ce jugement, l'avion emmenant M. Trabelsi avait déjà quitté le territoire belge.
L'avocat réclame désormais un dédommagement de un million d'euros pour son client à la Cour européenne des droits de l'homme. C'est devant cette institution que M. Trabelsi avait introduit un ultime recours contre sa possible extradition, estimant qu'elle pouvait constituer un traitement "inhumain et dégradant" contraire à la Convention européenne sur les droits humains, puisque la justice américaine risquait de le condamner à vie, sans possibilité de libération anticipée.
La Cour de Strasbourg, qui a déjà rendu des arrêts en ce sens, devait seprononcer en novembre. Dans l'intervalle, elle demandait à la Belgique de ne pasprendre de décision "irrévocable". Décidant de bafouer le droit de recours, le gouvernement belge a manifestement cédé aux fortes pressions exercées par les Etats-Unis. Il s'est aussi débarrassé d'un personnage d'autant plus encombrant qu'il allait achever sa peine de prison.
- Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, corre
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