L’éditorial du Figaro: «État d’urgence aux frontières»
Par Vincent Trémolet de Villers, directeur adjoint de la rédaction.
Celui-ci venait de Tunisie, un pays qui ne connaît ni la guerre, ni la misère ; celui-là de Tchétchénie et nous avions d’abord refusé l’asile à sa famille ; cet autre encore du Pakistan, il était «mineur» et avait 25 ans ; cet autre enfin du Soudan, il était réfugié. Couteau, hachoir, ils ont blessé notre pays, l’ont plongé dans le sang, les larmes, la mort, la barbarie la plus bestiale. Jusqu’ici nos beaux esprits enivrés d’«anciennes vertus chrétiennes devenues folles» (Chesterton) s’admiraient dans l’éloge de ces «Autres», démunis, victimes de nos dominations d’Occidentaux. Ils étaient forcément innocents, nous étions intrinsèquement coupables. «Ô Lampedusa» chantait le chœur du Bien sans voir que parmi les pauvres hères, se cachaient des bourreaux.
L’immigration n’est pas la cause première du terrorisme, c’est une évidence, mais les mois que nous venons de vivre nous confirment qu’elle en est une des conditions. La prudence imposerait de fermer immédiatement, aujourd’hui, nos frontières,