Qu’est-ce que le groupe Bilderberg, le club secret objet de fantasmes ?
L’édition 2018 de ce forum de responsables politiques et économiques se tient en Italie du 7 au 11 juin. Cette année, on y trouve par exemple Jean-Michel Blanquer, Bernard Cazeneuve ou José Manuel Barroso.
LE MONDE | 12.06.2015 à 15h27 • Mis à jour le 08.06.2018 à 12h37 |
Par Pierre Breteau et Alexandre Pouchard
La 66e réunion annuelle du très discret groupe Bilderberg a débuté jeudi 7 juin à l’hôtel Torino Lingotto Congress de Turin, en Italie. Les 131 participants venus de 23 pays et issus du monde économique, politique, universitaire ou médiatique débattent entre eux de la situation économique et géopolitique du monde. Découverte de ce forum annuel à huis clos qui alimente de nombreux fantasmes.
Qu’est-ce que ce groupe ?
Le groupe Bilderberg est un forum annuel de discussions entre des personnalités d’horizons divers : elles sont principalement issues du milieu économique (patrons et représentants de grands groupes, de fonds d’investissement, etc.), mais appartiennent également aux milieux politique, universitaire ou encore médiatique.
Il a été créé en 1954 dans l’hôtel « De Bilderberg », à Oosterbeek, dans le centre des Pays-Bas. C’est le prince Bernhard des Pays-Bas qui en est à l’origine, il voulait « favoriser le dialogue entre l’Europe et l’Amérique du Nord », alors que l’antiaméricanisme se développait sur le Vieux Continent en pleine guerre froide. Des responsables politiques, militaires et économiques se sont alors réunis pour des discussions informelles et, devant le succès du forum, l’initiative a été instaurée chaque année.
Les thèmes des discussions varient à chaque nouvelle édition. En 2018, les participants débattront notamment du « populisme en Europe », des « défis des inégalités », du « futur du travail », du « libre-échange » ou encore de « l’intelligence artificielle ».
Le groupe n’a aucun pouvoir institutionnel et ne formule officiellement aucune recommandation.
Qui y participe ?
UN COMITÉ DIRECTEUR DE 34 PERSONNES
Le groupe Bilderberg ne compte aucun membre permanent, mais seulement un « comité directeur » constitué de 34 personnes et élu pour quatre ans par ses anciens membres. Leurs principales missions sont de déterminer le programme de la prochaine conférence, ainsi que l’établissement de la liste des invités – en consultant les invités de chaque session sur les personnalités qui « émergeraient » dans leur pays. Actuellement, c’est le Français Henri de Castries, PDG du groupe d’assurance AXA, qui préside ce comité directeur où 19 nationalités sont représentées – les Américains y sont largement majoritaires avec 10 membres.
LE MONDE ÉCONOMIQUE LARGEMENT MAJORITAIRE
Les grands patrons ou représentants de grands groupes mondiaux sont majoritaires parmi les participants du groupe Bilderberg. Cette année, on compte notamment le patron d’Airbus Thomas Enders, celui de Total Patrick Pouyanné ou encore le dirigeant de Vodafone Vittorio Colao.
Parmi les participants en 2018, on trouve aussi l’ancien président de la commission européenne José Manuel Barroso, désormais président de Goldman Sachs International, l’ancien ministre norvégien Børge Brende, président du Forum économique mondial, ainsi que plusieurs chefs de gouvernement : la première ministre serbe Ana Brnabić, le premier ministre belge Charles Michel ou encore le premier ministre néerlandais Mark Rutte.
UN FORUM OCCIDENTAL PLUS QUE MONDIAL
Hormis les membres du comité directeur, les invités de la conférence changent chaque année et sont triés sur le volet. De fait, ce n’est pas un forum mondial mais un forum occidental. Les Américains sont chaque année les plus représentés : sur les 131 participants du cru 2018, ils sont 38, devant les Britanniques (11). Les Italiens et les Français complètent le podium, avec 9 participants pour chaque pays. On ne trouve en revanche aucun Russe, Chinois ou Japonais parmi les participants.
Les pays représentés au groupe Bilderberg en 2018
Etats-Unis
Royaume-Uni
Italie
France
Allemagne
Pays-Bas
Turquie
Norvège
Autriche
Canada
Espagne
Belgique
Suisse
Finlande
Irlande
Pologne
Portugal
Suède
Danemark
Grèce
Estonie
Lettonie
Serbie
Vatican
SOURCE : GROUPE BILDERBERG
9 FRANÇAIS
Parmi les 9 Français présents, on trouve le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer, l’ancien premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, le directeur général de la sécurité extérieure française Bernard Emié, le directeur d’Arte Bruno Patino, le patron de Total Patrick Pouyanné ou encore l’ancienne ministre de la culture Audrey Azoulay, qui dirige désormais l’Unesco.
Pourquoi tant de mystère ?
Un manifestation près du lieu de la réunion 2015 du groupe Bilderberg, dénonçant le "nouvel ordre mondial".
Le groupe Bilderberg alimente de nombreux fantasmes. Certains y voient un groupe de « maîtres du monde » décidant en petit comité du sort de la planète. La principale raison tient à la confidentialité des débats : contrairement au forum économique de Davos, qui se tient chaque début d’année en Suisse, la presse y est tenue à l’écart, sauf des responsables de groupes médiatiques invités par le comité directeur et quelques journalistes chargés de rédiger des comptes rendus des discussions qui restent confidentiels. Les participants sont tenus de rester dans l’hôtel pendant deux jours et ne peuvent être accompagnés ni de leurs conjoints ni d’assistants.
Le groupe défend le « caractère privé de la conférence », qui permet, selon lui, « aux participants de ne pas être liés par les conventions de leurs fonctions, ni pas des positions sur lesquelles on se serait entendus à l’avance ». Autrement dit, par exemple, la parole d’un ministre n’engage pas son gouvernement et elle n’est pas forcément restreinte par la position officielle de son pays.
La suspicion à l’égard du groupe Bilderberg est notamment alimentée par des livres comme Les Maîtres du monde, essai de l’Espagnol Luis M. Gonzalez-Mata publié en 1979, ou La véritable histoire du groupe Bilderberg, de Daniel Estulin. Ils y décrivent notamment un groupe opaque où se serait décidé un « nouvel ordre mondial » par le jeu de soutiens ou d’oppositions à des gouvernements, de décision de coups d’Etat… Mais rien n’a jusqu’à maintenant permis d’étayer l’influence réelle de ce groupe, notamment comparé à d’autres espaces d’échanges informels (comme le forum de Davos) ou officiels (comme le G7, G8 ou G20) – qui intègrent, eux, les pays émergents.
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Will Bilderberg still be relevant as the future of war is transformed?
This year’s summit is all about war – but what they all want to conquer is artificial intelligence
Charlie Skelton
Mon 11 Jun 2018 07.00 BST Last modified on Mon 11 Jun 2018 07.01 BST
A protester’s sign saying ‘Stop The New World Order’ near the venue of the 2016 Bilderberg conference in Dresden, Germany. Photograph: Chad Buchanan/Getty Images
This year’s Bilderberg summit is a council of war. On the agenda: Russia and Iran. In the conference room: the secretary general of Nato, the German defence minister, and the director of the French foreign intelligence service, DGSE.
They are joined in Turin, Italy, by a slew of academic strategists and military theorists, but for those countries in geopolitical hotspots there is nothing theoretical about these talks. Not when the prime ministers of Estonia and Serbia are discussing Russia, or Turkey’s deputy PM is talking about Iran.
The clearest indication that some sort of US-led conflict is on the cards is the presence of the Pentagon’s top war-gamer, James H Baker. He is an expert in military trends, and no trend is more trendy in the world of battle strategy than artificial intelligence. Bilderberg is devoting a whole session to AI this year – and has invited military theorist Michael C Horowitz, who has written extensively on its likely impact on the future of war.
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Durão Barroso, Paula Amorim e Isabel Mota vão estar no “clube secreto” de Bilderberg.