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Friday, November 8, 2019

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Fétichiste de l’urine, un haut fonctionnaire du ministère de la Culture mis en examen
Pendant dix ans, un ex-responsable des ressources humaines du ministère de la Culture a administré des diurétiques à des femmes pour les voir uriner devant lui. Il a été mis en examen fin octobre.

Par Pierre Sautreuil
Publié il y a 1 heure, mis à jour il y a 1 heure

L’affaire est des plus glauques. Pendant une décennie, un ancien responsable des ressources humaines du ministère de la Culture s’est ingénié à glisser des diurétiques dans les boissons des femmes qu’il recevait en entretien d’embauche afin de les voir uriner devant lui. Révoqué de la fonction publique en janvier 2019, Christian N. a été mis en examen le 24 octobre, selon une information de Libération confirmée par le Figaro. Une information judiciaire a été ouverte le même jour par le parquet de Paris.

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Selon un mode opératoire presque immuable, Christian N. proposait à ses victimes un thé ou un café au début de l’entretien, s’en allait quelques instants puis revenait avec la boisson dans laquelle il avait dilué une dose de Furosémide, un médicament diurétique. S’ensuivait une brève discussion au cours de laquelle le fonctionnaire prenait discrètement des photos des jambes des candidates, avant de leur proposer d’aller visiter le quartier du ministère de la Culture, rue de Valois. Le parcours était savamment conçu afin d’éviter toilettes publiques et cafés, le plus souvent vers les quais de Seine. N’y tenant plus, les femmes intoxiquées étaient contraintes d’uriner devant lui, ou de faire sous elles, relate Libération, qui a recueilli les témoignages de cinq femmes intoxiquées.


«Je sentais mon ventre gonfler, j’étais au bord du malaise», raconte Karine (prénom modifié). Sous un pont, j’ai baissé mon pantalon et ma culotte, et j’ai uriné. Pendant ce temps, il tenait son manteau devant moi pour me cacher et regardait mon visage.» Une autre, présentée comme Élise, refuse d’uriner devant Christian N. malgré son insistance, et s’écroule de douleur. Elle sera hospitalisée pendant quatre jours après ce rendez-vous pour une infection urinaire «à la limite de la péritonite», relate le quotidien.

Christian N. a été mis en examen pour administration de substance nuisible, agression sexuelle par personne abusant de l’autorité conférée par sa fonction, atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation d’image, violence par une personne chargée de mission de service public et d’infractions à la législation sur les médicaments.

«C’est une affaire complètement folle d’un pervers» a réagi vendredi le ministre de la Culture Franck Riester sur Europe 1, se disant «atterré». Et pour cause. Le cas a été révélé le 15 juin 2018 à la Drac Grand Est, où l’homme a été pris sur le vif en train de photographier «discrètement» les jambes d’une sous-préfète de Moselle. Pris sur le fait par un collègue, Christian N. est mis à pied. C’est à ce moment que les enquêteurs font la découverte dans son bureau d’un fichier Excel intitulé «Expériences», dans lequel le fonctionnaire tenait un inventaire détaillé de ses victimes. Y figurent les circonstances des faits, avec l’heure de la prise des diurétiques, et l’endroit où se déclenchait l’envie d’uriner. Plus de 200 noms de personnes ayant été photographiées à leur insu ou intoxiquées y sont compilés. Interrogé par Libération, Christian N. affirme pour sa part n’avoir administré du Furosémide qu’à «dix ou vingt» femmes.

D’après l’enquête du quotidien de gauche, le haut fonctionnaire traînait depuis plusieurs années une réputation de «pervers» au ministère de la Culture, où sa manie de prendre des clichés de femmes à leur insu lui avait valu le surnom de «photographe». Plusieurs personnes avaient tenté d’alerter leur hiérarchie et la police, sans succès. En 2015, une femme tente de porter plainte quelques semaines après son entretien avec Christian N., mais se serait vue «éconduite» par les policiers. En 2016, une des victimes adresse des courriers à Fleur Pellerin et Audrey Azoulay, ministres de la Culture, pour dénoncer la «situation à caractère sexuel et humiliant» qu’elle a vécu. La même année, le «comportement suspect» du fonctionnaire est de nouveau rapporté, cette fois-ci à la médecine du travail, sans suite. «Dès que le ministère a eu connaissance de signalements de ses agents, il a engagé des actions auprès du procureur de la République», a défendu auprès de l’AFP le ministre de la Culture.

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